• C'est en éprouvant un sentiment de culpabilité indicible lors d'une pause de quelques secondes (je me suis outrageusement permise de regarder la pluie tomber sur les vitres de mon bureau) que l'expression "équipe sous-dimensionnée" a soudain pris tout son sens.


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  • En cas d'attaque verbale indirecte de votre supérieur (ex : "Pff... Je vais devoir travailler ce week-end", "Y'a cette réunion ce soir qui me gonfle, là", "J'ai faim, mais j'ai pas le temps d'aller me chercher à manger..."), il est impératif de faire appel à votre volonté, de garder votre calme et de NE PAS BOUGER UN CIL. Le plus important est de ne pas prononcer la formule maléfique "J'peux t'aider ?", même si la pression métapsychique de l'ennemi vous semble insoutenable. 

    S'il ne détecte aucun mouvement, l'agresseur oubliera jusqu'à votre présence dans 85% des cas.

    Pour ce qui est des cas restants...

    Je vous souhaite bonne chance. Votre survie sociale en dépend.


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  • Hier soir, j’ai surpris une conversation entre deux de mes collègues (j’ai une très bonne ouïe et une capacité à faire plusieurs choses en même temps (exemple : écouter les conversations de mes collègues et faire semblant de travailler)). L’un deux semblait s’épancher sur les soubresauts dramatiques de sa vie sentimentalo-hormonale (c’est un peu pour ça que j’avais pris la peine d’écouter), lorsque l’autre lui a dit, sur un ton glacial : « Tu devrais faire comme moi : j’ai une vie de merde, alors je me noie dans le travail ».

    Sur le coup, j’avoue avoir discrètement pouffé de rire, tant la formulation était énorme. Puis j’ai été plongée dans un abyme de perplexité. Oui, bon, j’exagère… Disons que j’ai réfléchi (z’êtes nuls, ça fait vachement moins classe).

    Je parlais il y a quelque temps de la docilité et de la recherche effrénée de l’amour managérial de certains consultants, et de leur façon de faire le beau face au maître tel le caniche de ma vieille voisine (mes vieilles voisines ont toujours eu soit un caniche pourri gâté qui couine, soit un petit-fils pourri gâté qui hurle : je n’ai pas encore déterminé lequel était le plus insupportable). Un autre mécanisme peut expliquer ce dévouement total au travail : la désespérance du cadre sup’ trentenaire (ou presque trentenaire), avec le cercle vicieux bien connu du « je travaille trop, donc j’ai pas de vie, donc je déprime, donc je travaille pour oublier que je déprime, blablabla ». Parfois, les victimes de ce syndrome pètent les plombs et foutent un énorme coup de pied à leur vie, nourrissant les légendes urbaines les plus incongrues sur leur compte (il paraît qu’un ancien consultant, connu pour ses nocturnes très régulières, a pris le large pour faire du fromage de chèvre en Ardèche : c’est tellement cliché que je soupçonne cette histoire de cacher un internement en HP). Le plus souvent, elles s’enfoncent progressivement dans ce fonctionnement, prenant pour acquis le fait de rapporter du travail chez soi pour le soir et les week-ends (source d’épanouissement indiscutable).

    Le problème, au-delà de l’inquiétude bien légitime qu’on peut avoir face à ce mal-être, c’est qu’il suffit qu’un seul plie sous le poids de la contrainte et de la névrose pour que tous les autres, plus ou moins consciemment, intériorisent cette contrainte et s’imposent des horaires absurdes. J’ai travaillé au sein de plusieurs équipes et je me rends bien compte que mon « volume horaire » (à ne pas confondre avec le volume capillaire) (bon, la blague était pas franchement drôle, mais ça me rappelle que je dois écrire un truc sur les expressions phares du monde du travail, berceau de la poésie contemporaine) ne dépendait pas uniquement de ma charge de travail objective et que, d’une manière ou d’une autre, je me calais généralement sur l’emploi du temps des autres.

    Finalement, quand j’y pense, faut que j’arrête de plaindre mes collègues déprimés, lessivés, asociaux ou à l’ouest dans leur vie : ce sont juste des gros connards qui me font finir tard.
    ("Oh, tiens, salut altruisme et mauvaise foi !").


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  • Je viens de passer une heure très productive à fêter les rois dans la boîte de mon client, laquelle avait mis les petits plats dans les grands pour l'occasion (j'aime pas la frangipane et boire du champagne équivaut pour moi à une promesse de suicide social immédiat (vomi), autant dire que je suis passée pour la rabat-joie de service avec mes "non, merci"). Alors que je tenais la jambe de mon manager et jouais à merveille mon rôle de gentille potiche lors d'une opération de séduction massive de la big boss du big boss du boss de mon client (bref, une espèce de super-méga-top-big boss), cette dernière s'est tournée vers moi et m'a dit dans un grand sourire : "Au fait, bonjour Odile, comment allez-vous ?".

    Je crois que je n'avais pas été aussi émue depuis 2001, lorsque Séb', le beau gosse de la 2nde B, m'avait lancé d'un air super cool : "Au fait, c'est bien Odile ton nom ?".


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