Recette n°1 :
- Paumer votre casque habituel et récupérer cette bonne vieille paire d'écouteurs qui n'isole pas correctement le son (euphémisme).
- Une fois dans le métro, choisir votre cible avec soin, en l'occurence un parfait représentant du "je suis trop un winner dans mon costard, j'ai un ordi portable de ouf guedin dans ma sacoche et cette semaine, je compte bien continuer à pourrir le monde".
- Se glisser sur le siège qui se libère à côté de lui (un siège libre dans le métro le lundi à 8h30 est en soi un puits de joie sans fin).
- Sélectionner un titre de hard metal allemand qui ferait peur à votre maman.
- Mettre le volume à fond.
- Savourer.
Touche personnelle : pour profiter pleinement des arômes de votre festin, n'oubliez pas de soupoudrer le tout d'un large sourire complètement hypocrite.

Recette n°2 :
- Ne surtout pas paniquer à la réception d'un mail débutant par "sauf erreur de ma part" (formule tout juste polie signifiant "t'as foiré, coco, bouge tes fesses pour réparer ça").
- Fouiller dans vos dossiers pendant 3/4 d'h jusqu'à trouver la preuve de votre innocence.
- Débuter votre mail de réponse par "il s'agissait bien d'une erreur de votre part".
- Déguster.
Touche personnelle, pour renforcer les saveurs de votre plat, n'oubliez pas de cliquer sur "Reply to all"

Finalement, le bonheur est aussi simple qu'un bon gâteau préparé avec amour selon la recette de votre mamie (youpi).

- J'ai tellement fumé à cette soirée... j'étais trop à l'ouest, c'était limite risible. Et vous, vous avez fait quoi ce week-end ?
- J'ai été à l'anniversaire d'une pote de mon mec. Ambiance très cool et ce qu'il faut d'alcool pour être joyeux jusqu'à 5h.
- Moi, j'ai vu le plan cul dont je vous ai parlé la semaine dernière. C'était dément, il m'a complètement... Au fait, je sais pas si t'as vu mon support, ce serait pas mal que tu reprennes la slide 3, histoire de donner plus de visibilité au projet.

Quand le chat-manager débarque, les souris-consultantes changent de sujet.

La bienséance, si par malchance vous rencontrez à la cantine celui qui vous a envoyé la veille un mail incendiaire (avec en copie votre hiérarchie, la sienne et le Saint-Père), c'est ponctuer sa poignée de main d'un large sourire.

La vengeance, c'est ajouter (devant votre hiérarchie et la sienne) "Je suppose que la réponse de mon manager vous a éclairé. Sur un tout autre sujet, j'espère que le rapport que vous souhaitiez que je rédige vous a plu. Vous vous souvenez, c'était hors du périmètre du projet, vous me l'aviez demandé lors d'un entretien individuel, parce que vous n'aviez pas le temps de le faire vous-même... Au fait, je vous souhaite une année resplendissante, cher monsieur".

Quand, au lieu de petits poneys couverts de paillettes multicolores gambadant sur un arc-en-ciel en barbe à papa, vous vous mettez à rêver de tableaux de bord, de comités de pilotage et de PV de recette, il faut peut-être en déduire que vous travaillez trop.

Nous subissons tous les injustices ordinaires du monde du travail. Un tel reçoit une promotion injustifiée, une telle bénéficie sans raison apparente d'une journée de congé supplémentaire, tandis qu'une autre obtient à tous les coups la mission ou le projet qu'elle convoite. Pendant ce temps, vous ruminez votre jalousie en silence, convaincu d'avoir été floué.

Pour faire de l'égalité des chances autre chose qu'un concept creux, donnons-lui du contenu en s'assurant que tous les individus - sans considération de classe, de culture ou de religion - disposent des armes les plus efficaces pour affronter le monde du travail.

Révolutionnons la méritocratie et offrons à chaque citoyen en herbe la certitude de construire dès son plus jeune âge les fondations nécessaires à l'accomplissement et l'épanouissement de l'adulte qu'il deviendra.

Garantissons aux générations à venir des lendemains chantants, où joie et équité seront le terreau d'un monde meilleur, débarrassé des "c'est pas juste" et des "pourquoi pas moi ?".

Bref, rendons obligatoires les cours de léchage de culs.